Les caractères de La Bruyère, Volume 1

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Librairie des bibliophiles, 1881
 

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Popular passages

Page 63 - est dit, et l'on vient trop tard {depuis plus de sept mille ans qu'il y a [des hommes, et qui pensent. Sur ce 'qui concerne les mœurs, le plus beau et le meilleur est enlevé; l'on ne fait que glaner après les anciens et les habiles d'entre les modernes.
Page 217 - un ample mouchoir et se mouche avec grand bruit; il crache fort loin et il éternue fort haut; il dort le jour, il dort la nuit, et profondément; il ronfle en compagnie. Il occupe à table et à la promenade plus de place qu'un autre; il tient le milieu en se promenant avec ses égaux, il
Page 157 - Que dites-vous? comment? je n'y suis pas; vous plairoit-il de recommencer? j'y suis encore moins; je devine enfin : vous voulez, Acis, me dire qu'il fait froid; que ne disiez-vous : « Il fait froid » ; vous voulez m'apprendre qu'il pleut ou qu'il neige; dites : « Il pleut, il neige »; vous me trouvez bon visage, et vous desirez de m'en
Page 91 - à la phrase purement françoise; l'on a presque retrouvé le nombre que MALHERBE et BALZAC avoient les premiers rencontré et que tant d'auteurs depuis eux ont laissé perdre ; l'on a mis enfin dans le discours tout l'ordre et toute la netteté dont il est capable; cela conduit insensiblement à y mettre de l'esprit.
Page 208 - comme les belles ames le sont de la gloire et de la vertu ; capables d'une seule volupté, qui est celle d'acquerir ou de ne point perdre; curieuses et avides du denier dix, uniquement occupées de leurs debiteurs, toujours inquietes sur le rabais ou sur le décri des monnoyes, enfoncées et comme abîmées dans les
Page 87 - et des sentimens, l'on est plus occupé aux pieces de Corneille, l'on est plus ébranlé et plus attendri à celles de Racine ; Corneille est plus moral, Racine plus naturel; il semble que l'un imite SOPHOCLE, et que l'autre doit plus à EURIPIDE. * Le peuple appelle eloquence la facilité que quelques-uns ont de parler
Page 217 - celuy qui parle, recueille furtivement ce qui se dit, et il se retire si on le regarde; il n'occupe point de lieu, il ne tient point de place; il va les épaules serrées, le chapeau abaissé sur ses yeux pour n'être point vu, il se replie et se renferme dans son manteau; il n'y a point de rues
Page 159 - Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi; c'est un homme universel, et il se donne pour tel; il aime mieux mentir que de se taire ou de paroître ignorer quelque chose. On parle à la table d'un grand d'une cour du Nord, il prend la parole et l'Ole à ceux qui
Page 205 - l'on force la terre et les saisons pour fournir à sa délicatesse; de simples bourgeois, seulement à cause qu'ils étoient riches, ont eu l'audace d'avaler en un seul morceau la nourriture de cent familles. Tienne qui voudra contre de si grandes extremitez; je ne veux être, si je le puis, ny
Page 217 - S'il s'assied, vous le voyez s'enfoncer dans un fauteuil, croiser les jambes l'une sur l'autre, froncer le sourcil, abaisser son chapeau sur ses yeux pour ne voir personne, ou le relever ensuite et découvrir son front par fierté et par audace. Il est enjoué, grand rieur, impatient, présomptueux,

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