The Moscow expedition: extracted from Thiers 'Histoire du consulat et l'empire', Vol. XIV

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Clarendon Press, 1904 - 312 pages
 

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Popular passages

Page 144 - Napoléon, non par faiblesse, mais pour se soustraire au spectacle accusateur de cette retraite, ne quittait pas la tête de l'armée, et tantôt à cheval, tantôt à pied, plus souvent en voiture, entre Berthier consterné, Murat éteint, passait des heures entières sans proférer une parole , plongé dans un abîme de réflexions désolantes dont il ne sortait que pour se plaindre de ses lieutenants, comme s'il avait pu faire...
Page 53 - ... d'elle, et à une distance ,,assez rapprochée, une ville immense, brillante de mille ,,couleurs, surmontée d'une foule de dômes dorés resplendissants de lumière, mélange singulier de bois, de ,,lacs, de chaumières, de palais, d'églises, de clochers, ,,ville à la fois gothique et byzantine, réalisant tout ce ,, que les contes orientaux racontent des merveilles de ,,l'Asie.
Page 53 - Ceux qui étaient restés au pied de la colline se hâtèrent d'accourir; pour un moment, tous les rangs furent confondus, et tout le monde voulut contempler la grande capitale où nous avait conduits une marche si aventureuse.
Page 53 - ... vieux soldats de l'armée, visité successivement le Caire, Memphis, le Jourdain, Milan, Vienne, Berlin. Madrid, il ne put se défendre d'une profonde émotion. Arrivé à ce faîte de sa grandeur, après lequel il allait descendre d'un pas si rapide vers l'abîme, il éprouva une sorte d'enivrement, oublia tous les reproches que son bon sens, seule conscience des conquérants, lui adressait depuis deux mois, et pour un moment crut encore que c'était une grande et merveilleuse entreprise que...
Page 224 - La passion de parvenir aux ponts était telle, qu'on avait bientôt fini par s'immobiliser les uns les autres. Les boulets de l'ennemi , tombant au milieu de cette masse compacte, y traçaient d'affreux sillons, et arrachaient des cris de terreur aux pauvres femmes, cantinières ou fugitives, qui étaient sur les voitures avec leurs enfants. On se serrait, on se foulait, on montait sur ceux qui étaient trop faibles pour se soutenir, et on les écrasait sous ses pieds. La presse était si grande...
Page 54 - Certain de sa gloire, il crut encore à son bonheur, et ses lieutenants, émerveillés comme lui, ne se souvenant plus de leurs mécontentements fréquents dans cette campagne, retrouvèrent pour lui ces effusions de la victoire auxquelles ils ne s'étaient pas livrés à la fin de la sanglante journée de Borodino. Ce moment de satisfaction, vif et court, fut l'un des plus profondément sentis de sa vie ! Hélas ! il devait être le dernier ! Murât reçut l'injonction de marcher avec célérité...
Page 182 - Poncelet en faisait partie avec le bataillon des sapeursmineurs. Les troupes furent accueillies par la mitraille dès qu'elles parurent sur le bord du ravin ; elles y descendirent et en remontèrent le bord opposé, toujours sous cette mitraille épouvantable. Elles réussirent même à enlever quelques pièces ennemies ; mais, foudroyées par cent bouches à feu et chargées à la baïonnette, elles furent rejetées dans le fond du ravin et ramenées au point d'où elles étaient parties. Il ne...
Page 92 - ... de temps en temps de l'incendie qui consumait encore sourdement la ville infortunée. Confiant quand il revenait au souvenir de tant de dangers glorieusement surmontés, triste quand il voyait l'abîme dans lequel il s'était enfoncé si profondément, il ne montrait rien sur son superbe visage de ses agitations intérieures, car il n'y avait pas un cœur autour de lui qu'il eût voulu exposer au pesant fardeau de ses confidences.
Page 94 - ... deux ou trois batailles perdues, par un traité plus ou moins défavorable, mais ne pas en venir à une de ces guerres de destruction, comme les Espagnols en soutenaient une contre la France depuis quatre années. Ce qui était plus étonnant, M. Araktchejef lui-même, récemment l'un des plus énergiques partisans de la guerre à outrance , inclinait aussi à la paix. M. de Romanzoff, qui se taisait depuis que les nouvelles inimitiés avec la France avaient donné un si cruel démenti à son...
Page 259 - ... les affections des peuples, sans respect des sentiments de ceux qu'il fallait vaincre, sans respect du sang de ceux avec lesquels il fallait vaincre, en un mot l'égarement du génie n'écoutant plus ni frein, ni contradiction, ni résistance, l'égarement du génie aveuglé par le despotisme. Pour être vrai, pour être utile , il ne faut pas rabaisser Napoléon , car c'est abaisser la nature humaine que d'abaisser le génie; il faut le juger, le montrer à l'univers, avec les véritables causes...

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